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News 02
L’année 1789 marque le commencement de la grande Révolution qui, sur les ruines de l’ancien monde, en a érigé un nouveau.  
Toutes les paroisses de France étaient appelées à élire leurs représentants aux Etats Généraux ; celle de Neuilly-le-Vendin ne faillit pas à son devoir, ainsi qu’on le voit par cet extrait des Cahiers du Maine :   
 
« Cahier des états généraux du Maine »  
 
 
« 1789. – 9 mars, sur les 8 heures du matin, en l’église des révérends pères religieux de la Couture du Mans, lieu destiné pour l’assemblée des députés du tiers état de la sénéchaussée du Maine, ordonnée par la lettre de sa Majesté, du 24 janvier. « Nuillé-le-Vendin, 153 feux, 3 députés : M. M. Julien Derouet, sindie, Jean Julien Beauvais et Jean Blanchard Md, etc. » (archives nationales)  
Les Etats Généraux, devenus Assemblée Constituante, remanièrent la carte de France ; la province du Maine forma les deux départements de la Mayenne et de la Sarthe. Neuilly-le-Vendin fit partie du département de la Mayenne. Par les décrets des 10 janvier, 16 et 24 février 1790, sanctionnés par Louis XVI le 4 mars de la même année, ce département du divisé en sept districts. Notre commune, - c’est à partir de cette époque que le mot commune fut substitué à celui de paroisse, - dépendit du district de Villaines-la-Juhel qui, en 1793, fut transféré à Lassay.  
Les transformations administratives se succédant rapidement, trois cantons furent organisés pour la contrée en l’an III : ce furent ceux de Lignieres-la-Doucelle, de Couptrain et de Javron. Neuilly-le-Vendin fit partie de celui de Couptrain, avec St Aignan.  
En 1800, les trois cantons furent réunis en un seul, celui de Couptrain, qui comprit, outre les communes des deux autres, celle de Madré, rattachée jusque-là au district de Domfront.  
Depuis 1800, Neuilly-le-Vendin fait partie de l’arrondissement de Mayenne et du canton de Couptrain.  

L’état civil, rédigé auparavant par les curés et desservants, fut, en 1792, confié à des officiers municipaux qui, à Neuilly, furent :  
 
Julien Launay (1792-1797)  
Jean-Baptiste Maugé /1798)  
Jacques Garnier (1799)  
Pierre Legros (1799-1801)  
 
Les mariages étaient célébrés par le président de l’administration communale du canton de Couptrain, qui était un nommé Louis François Mariel.  
A partir de 1801, l’officier municipal porte le nom de Maire et ses fonctions sont un peu plus étendues.  
Voici la liste des maires qui ont successivement administré la commune :  
 
Pierre Legros (1801-1806)  
Jean-baptiste Ledonné (1807-1815)  
Jacques De Beauvais (1816-1830)  
Jean Beaumont (1831-1850)  
Jean Derouet (1851-1855)  
Jean-Baptiste Derouet (fils du précédent) (1856-1880)  
Gustave Derouet (fils du précédent) (1881-1884)  
Armand Bellier (1885-1895)  
Jean-Baptiste Breton, actuellement en fonctions.
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–Pendant la période révolutionnaire, la commune de Neuilly-le-Vendin, fut presque continuellement ravagée par les bandes de brigands, connus sous le nom de chouans, mais qui n’avaient rien de commun avec les partisans du fameux Cottereau, dit Jean Chouan, et qui, jusqu’en 1795, terrorisèrent la contrée. Originaires des environs, pour la plupart, ils parcouraient les campagnes, armés, dévalisaient les habitants, tuant ceux qui essayaient de leur résister ou refusaient de leur donner ce qu’ils demandaient.  
Parmi les nombreux assassinats qu’ils commirent dans la commune, on a conservé le souvenir de plusieurs.  
Ce fut d’abord une veuve Poirier, qu’ils égorgèrent dans son lit, en présence de sa fille, contrainte par la force à assister à cet affreux spectacle.(1)  
Cette veuve Poirier avait quatre fils (2) dont les aînés s’étaient fait, dans le pays, une certaine renommée par leur force et leur adresse peu communes, et aussi par leur humeur un peu batailleuse. Ils vouèrent une haine mortelle aux assassins de leur mère.  
(1) la maison qu’elle habitait dans le bourg appartient aujourd’hui à M. Morice, épicier.  
(2) Le plus jeune était ce Poirier, médaillé de Ste Hélène dont nous avons parlé, mort en 1882.  
Un jour, l’un d’eux entrant au débit de tabac (1) où se trouvaient plusieurs chouans, un de ces bandits lui dit d’un ton qui n’admettait pas de réplique :  
« Donne-nous ta toquante (montre et ta serrante » (sorte de large ceinture dans laquelle, à cette époque, on serrait son argent)). Poirier, pour ne pas éveiller la défiance de ses ennemis, s’empressa de détacher sa montre, mais, au lieu de la leur remettre, il fit un signe à son frère qui passait dans la rue, et tous deux se précipitèrent sur les chouans et les assommèrent avant qu’ils n’eussent eu le temps de se servir de leurs armes.  
(1) la maison est aujourd’hui habitée par un nommé Leroyer  
.  
Après cet exploit, continuellement traqués, les frères Poirier furent obligés, pour échapper au sort qui les attendait, de se cacher dans les granges et dans les fenils, et de changer continuellement de retraite jusqu’à ce que l’ordre fut rétabli.  
En janvier ou février 1794, un dimanche, un combat eut lieu, près de la Blinière, entre les bleus (soldats républicains) et les chouans.  
Surpris et cernés par un détachement de chasseurs venu d’Alençon, les brigands, qui s’étaient rassemblés et cachés dans les champs de genêts situés entre le chemin de la Blinière et la rivière d’Aisne, laissèrent sur le champ de bataille soixante morts ou blessés.  
Longtemps après, les cultivateurs trouvaient encore des débris d’armes en défrichant leurs champs.  
Malgré leur défaite, les chouans ne disparurent pas de la contrée ; le 11 florial de l’an III (30avril 1795), quelques-uns se présentèrent encore dans le bourg. Malgré leur déguisement, plusieurs furent connus. La terreur qu’ils inspiraient était telle qu’on n’osa pas se mettre en état de défense et les repousser. Ils pénétrèrent chez un nommé Julien Derouet, qui était menacé depuis longtemps, le saisirent et l’ayant traîné à l’angle de sa maison, au carrefour des deux routes qui traversent le bourg, le fusillèrent à bout portant.  
Il avait 47 ans et était un des membres les plus influents du conseil général de la commune. C’est lui qui avait été un des députés de la paroisse aux élections des Etats-Généraux  
Le feu ayant pris à ses vêtements, une femme courageuse (1), malgré les supplications de sa famille, alla l’éteindre en versant un seau d’eau sur le corps de la malheureuse victime des chouans. (Récits d’un octogénaire).  
Ce fut un des derniers exploits de ces misérables ; quelque temps après, la tourmente révolutionnaire s’apaisa, et les paisibles habitants de Neuilly reprirent tranquillement le cours de leur laborieuse existence.  
 
1) elle était voisine et amie de la famille Derouet.  
 
 
Restauration.  
 
 
La chute de l’empire et la restauration laissèrent indifférents les habitants de Neuilly. Cependant, on rapporte, qu’en 1815, un ancien huissier de Couptrain, révoqué de sa charge à cause de ses opinions bonapartistes et anti-gouvernementales, se trouvant à Neuilly ou il venait souvent, entra dans un café(1) et aperçut sur la cheminée un buste de Louis XVIII. Entrant en fureur à la vue de cette image exécrée ; « Misérable, dit-il en lui montrant le poing. Tu es cause que je mendierai mon pain. » Et il brisa le plâtre.  
Les opinions étaient partagées par son ami, M. Fontaine, instituteur à St Ouen-le-Brisoult, qui jouissait de l’estime générale dans sa commune.  
Traqués tous deux comme des bêtes fauves par les sbires du protégé des étrangers, ils réussirent à leur échapper pendant quelque temps, grâce à la complicité des habitants qui les recueillaient. Arrêtés à la fin, ils furent traduits devant une cour martiale, condamnés à mort et exécutés à Alençon, victimes de la terreur blanche. (Récit d’un octogénaire)  
 
(1) Tenu par Mme Veuve Esnault.   

1846. 
 
En 1846, les fièvres typhoïdes décimèrent les habitants du village des Corbinières. Presque tous furent atteints, et sur 83 qu’ils étaient, 23 succombèrent. La consternation était telle qu’à peine pouvait-on trouver quelques personnes pour soigner les malades.  
A ce fléau, vint s’en joindre un autre : l’incendie. Le feu fut mis en cinq endroits à la fois dans le village.  
Le curé de la paroisse, ému par tant d’infortune, sollicita de son évêque la permission de faire une procession publique au village. Voici la réponse que lui adressa Monseigneur Bouvier, alors évêque du Mans.  
« Le Mans, 8 décembre 1846 ;- Le récit contenu dans votre lettre du 6 me touche profondément, M et cher Curé ; en portant à ces pauvres gens, si cruellement éprouvés, les consolations de votre ministère, dites-leur, je vous prie, que je prends une part bien sincère à leur douleur.  
« J’accède à la demande que vous m’adressez en leur nom, et en le faisant, je crois entrer dans l’esprit de l’église, qui compatit aux peines de ses enfants."  
« Je consens donc) ce que vous fassiez une procession autour du village dont vous me parlez et à ce que vous en bénissiez les maisons ; vous pouvez partir de l’église même."  
« Toutefois, comme il s’agit d’une cérémonie extérieure, vous devrez vous entendre d’abord avec l’autorité locale et n’agir que d’accord avec elle. »….  
 
La procession eut lieu le troisième dimanche de l’avent. Au moment ou elle entrait dans le village, une jeune fille, Désirée Saint-Ellier, rendait le dernier soupir.  
Ce fut la dernière victime du fléau qui, grâce, aux mesures sanitaires prises,ne tarda pas à décroître et même à disparaître entièrement.  
 
1858.  
 
En 1858, la commune de Couptrain tenta de s’annexer plusieurs villages de Neuilly situés en partie sur la rive gauche de la Mayenne : La Plonnière, Lhommonde, le Pont-Rouge, la Bouderie, le Tertre, Mirçon, la Goignère, la Mariais et Moureuil.  
Le conseil municipal protesta énergiquement contre cette annexion, et demanda même que le canton fut transféré à Neuilly.  
Le conseil municipal, considérant :  
 
Qu’il ne se trouve pas un seul pauvre dans la partie de la commune qu’on veut distraire, et que tous les indigents demeureraient à la charge de la commune déshéritée.  
Que les intérêts de la commune seraient gravement compromis à cause des dépenses considérables que nécessite la confection de ses chemins vicinaux, et qu’il est juste de faire peser également sur la commune telle qu’elle est circonscrite.  
Que la répugnance des habitants appelés à faire partie de la nouvelle commune agrandie est notoire, et qu’ils n’ont jamais pu sympathiser avec leurs voisins.  
Qu’il n’est pas juste d’appeler une partie considérable de nos habitants pour construire les édifices d’une commune qui ne les intéresse pas, et qui ne peut leur procurer aucun avantage.  
 
Considérant que ce projet est tout à fait impopulaire, non seulement à Neuilly, mais à St Calais et à St Aignan (1) ; qu’il n’est pas juste de mécontenter plus de 400 personnes pour plaire a 478 habitants d’une localité célèbre par ses idées hostiles au pays et au gouvernement, dont l’administration peut retrouver la preuve dans ses votes de 1848 et de 1852.  
Considérant que Couptrain avoue se trouver dans l’impossibilité de satisfaire aux charges attachées au canton ; qu’il résulte un avantage réel à posséder ce titre.  
Le conseil municipal de Neuilly, à l’unanimité, demande :  
 
Le maintien du statu quo.  
Que le canton soit transféré à Neuilly, et à cet effet il offre de pourvoir à toutes les charges en résultant. »  
 
L’enquête ordonnée à ce sujet par M. le Préfet fut faite par M. Niobé, Juge de Paix de Couptrain. Elle donna lieu à un véritable soulèvement des habitants, et il fallut à ce magistrat un tact et une patience rares, dont du reste il fit preuve, pour remplir jusqu’au bout sa délicate mission. Pendant trois jours, le registre se couvrit de protestations les plus énergiques et les plus insultantes pour les habitants de Couptrain, dont la tentative d’annexion échoua.  
Neuilly-le-Vendin conserva ses limites qu’il y a encore aujourd’hui.  
 
(1) Couptrain avait en même temps essayé de s’annexer quelques villages de ces deux communes.